Processionnaire du chêne
Avec leurs petits poils toxiques, les chenilles du processionnaire du chêne sont très dangereuses pour l’homme. Voici ce que vous devez faire si vous en découvrez.
Le processionnaire du chêne (Thaumetopoea processionea) est un papillon de nuit de la famille des Notodontidae. Il est répandu dans toute l’Allemagne et colonise surtout les chênes. Ni les forêts purement de chênes ni de chênes et charmes communs n’en sont épargnées. Ce faisant, même les arbres isolés, comme un chêne pédonculé ou un chêne rouvre, dans des parcs, au bord d’une route ou généralement dans l’espace urbain, peuvent être concernés. En cas de survenue massive, outre les chênes, le processionnaire du chêne infeste aussi d’autres arbres, comme le charme commun. Il est appelé «processionnaire du chêne» parce que les chenilles du papillon se déplacent la nuit en file indienne caractéristique pour elles, en procession, vers leurs zones de nourriture.
Le Thaumetopoea processionea est originaire des régions chaudes d’Europe Centrale. Les hivers chauds et secs et les températures généralement en hausse au fil du changement climatique ont toutefois libéré la voie au processionnaire du chêne dans notre contrées. Depuis l’exceptionnel été de 2003, nous sommes mis en garde contre les larves de cette espèce de papillon car leurs poils fins peuvent provoquer de fortes irritations cutanées en cas de contact. On s’attend à une importante propagation en 2020 aussi.
Les papillons de nuit adultes sont de couleur gris cendres à gris brun et passent plutôt inaperçus. Ils ont une envergure de jusqu’à 36 millimètres et volent de fin juillet à fin août. Les femelles, qui sont la plupart du temps plus grandes que les mâles, déposent leurs œufs d’un millimètre en pontes. Ce faisant, une femelle peut produire jusqu’à 300 œufs. Les branches plates, maximum de l’épaisseur d’un doigt dans la couronne des arbres servent de préférence de lieu de ponte. Dans leur forme, les pontes, qui sont couvertes d’écailles et de sécrétion, ressemblent à une plaque oblongue. Les papillons meurent quelques jours plus tard. Les jeunes chenilles hibernent dans les œufs et éclosent en mai de l’année suivante. Elles apparaissent d’abord grises, plus tard on peut reconnaître une ligne dorsale sombre. Elles passent par 5 à 6 stades larvaires au total et peuvent atteindre une longueur de jusqu’à 5 centimètres. A partir du 3ème stade larvaire - celui-ci est atteint en mai/juin - les chenilles possèdent les soies urticantes dangereuses pour l’homme.
Les chenilles vivent en groupes et se déplacent - comme le nom l’indique - en processions. Une chenille suit l’autre, elles se déplacent en partie aussi sur plusieurs voies. Elles mangent les feuilles des arbres et ne laissent ensuite la plupart du temps que les nervures centrales. Pendant la journée, les larves plus âgées vivent dans des cocons qui peuvent mesurer jusqu’à un mètre de long. Dans le cas de forêts denses, les nids se trouvent surtout dans les couronnes, sinon ils sont aussi volontiers installés au niveau des troncs. Attention: dans les cocons se trouvent des soies urticantes toxiques, des restes de mue et des excréments. En juin/juillet, les chenilles se transforment en chrysalides. Un mois plus tard, les papillons éclosent des chrysalides et volent sur les arbres dans un rayon d’environ 300 mètres.
Le problème ce ne sont pas les longues soies, bien visibles, mais les minuscules soies urticantes à peine visibles des chenilles. Elles contiennent une protéine urticante (thaumétopéïne) extrêmement puissante: elle peut attaquer le système immunitaire et déclencher une papillonite chez l’homme. Un léger effleurement déjà fait tomber les minuscules «flèches» des pores. Particulièrement problématique: les soies toxiques ne se détachent pas seulement en cas d’effleurement, mais également lorsque les larves deviennent nerveuses ou ne font simplement qu’aller et venir. Elles sont équipées de barbillons microscopiques qui se piquent facilement dans la peau ou la muqueuse. En cas de contact, de fortes rougeurs, enflures et pustules se forment le plus souvent en peu de temps sur les parties du corps non couvertes comme les bras, le visage ou le cou. Les symptômes sont semblables aux piqûres d’insectes. Inhaler des soies urticantes peut entraîner une toux, de l’asthme et une bronchite. Les chocs anaphylactiques sont certes rares, mais également possibles.
Pour couronner le tout, les soies tombées peuvent adhérer aux vêtements et être dispersées par le vent jusqu’à 200 mètres plus loin. Ainsi les soies urticantes restent actives pendant des années - elles ne perdent leur effet qu’après 2 à 4 ans. Le sol d’une zone infestée peut de cette façon être littéralement pollué. Surtout les enfants qui jouent, les randonneurs ou encore les jardiniers et les bûcherons rentrent à la maison avec de l’eczéma douloureux dont la cause semble mystérieuse. Comme les chenilles aiment la chaleur, elles s’ébattent sur des chênes isolés en situation ensoleillée, donc très volontiers en lisière de forêt, dans les piscines, structures sportives ou les parcs. Tous, des lieux où séjournent de très nombreuses personnes en été.
Il existe un danger aussi pour les arbres: les larves du processionnaire du chêne peuvent causer des dégâts durables. Surtout s’ils sont fortement infestés plusieurs années de suite ou s’ils sont déjà affaiblis par des maladies végétales ou d’autres parasites.
Les chauves-souris et quelques oiseaux, qui aiment les papillons, comptent parmi les ennemis naturels du processionnaire du chêne. Le coucou possède une paroi stomacale très robuste - il supporte les chenilles avec des soies urticantes. Des mésanges aussi auraient déjà été vues en train de manger des jeunes chenilles. Les autres ennemis naturels sont les ichneumons, les mouches tachinaires et les insectes prédateurs comme le calosome.
Si des chenilles du processionnaire du chêne apparaissent dans votre jardin, fermez portes et fenêtres. En cas de contact supposé avec des soies urticantes toxiques, lavez vos vêtements à 60°C minimum et prenez une douche en vous lavant les cheveux. En cas de fortes éruptions ou autres symptômes sévères, consultez un médecin. Vous ne devez en aucun cas tenter de retirer les animaux ou les nids de votre propre initiative. A la place, informez la mairie ou le service des espaces verts: ils interviendront soit eux-mêmes ou vous informerons dans quelle mesure vous devez vous-même charger un spécialiste de l’élimination.
Si vous découvrez des processionnaires du chêne dans la nature, informez les gardes forestiers locaux ou la mairie de votre commune ou de votre ville. Dans les cas extrêmes, des chemins forestiers entiers ou même des aires de jeux seront fermés. Lorsque des zones infestées sont déjà connues, évitez-les. Si on rencontre aussi un cocon par hasard, il ne faut en aucun cas le toucher. Si vous avez séjourné dans une zone infestée, lavez vos vêtements aussi rapidement que possible. Gardez à l’esprit: les jours de vent, les soie des processionnaires du chêne sont portés même loin des zones infestées.
Les professionnels ont plusieurs possibilités d’éliminer les chenilles du processionnaire du chêne et leurs nids en forme de cocons. Pour se protéger des soies urticantes, les forces d’intervention approchent avec des combinaisons de protection, des masques de protection et un équipement spécial. La méthode qui consiste à encapsuler littéralement les cocons avec de la colle en spray a fait ses preuves. Ainsi, ils ne peuvent plus se désintégrer ni libérer de soies urticantes. Sinon, ils sont aspergés de mousse chaude: dans ce cas, les larves meurent et, par la chaleur, les soies urticantes perdent leur toxicité. Des appareils aspirants peuvent aussi être utilisés. Un jet d’eau ou des petits coups dans le nid ne seraient pas appropriés: ces méthodes de lutte feraient voler les soies encore plus et les disperseraient.