Doryphore de la pomme de terre
Aussi bien comme larve que comme insecte adulte, le doryphore de la pomme de terre provoque d’importants dégâts sur les solanacées comme les pommes de terre et la tomate. Découvrez quelles mesures préventives aident contre le nuisible.
Le doryphore (Leptinotarsa decemlineata) peut provoquer d’importants dégâts au potager familial comme dans l’agriculture. Car en cas d’intervention tardive, l’invasion peut être massive et des plantes entières sont dévorées en un rien de temps. C’est pourquoi le doryphore compte en agriculture parmi les nuisibles les plus dangereux. Le nuisible aux stries noires-jaunes appartient à la famille des chrysomèles (Chrysomelidae) et mesure entre 7 et 15 millimètres de long. En raison de son aspect particulier et de sa taille relativement remarquable, il est facile à reconnaître.
Les 5 stries longitudinales sombres sur chaque élytre du doryphore sont caractéristiques. Le dessous de son corps est brun-roux et doté de points noirs sur les bords. Des taches noires sont également présentes sur le bouclier du doryphore. Mâles et femelles ne diffèrent visuellement presque pas. En cas de danger, les animaux adultes rejettent une sécrétion de défense; mais la couleur frappante des doryphores éloigne elle aussi les ennemis naturels pour la plupart.
Les jeunes larves du doryphore sont brun-roux, les plus âgées jaunes. Elles possèdent également des points noirs sur la tête et les côtés du corps. Les œufs cylindriques du doryphore sont jaune-orange.
Entretemps, le doryphore est répandu dans le monde entier. En raison de sa région d’origine dans les Montagnes Rocheuses, il est aussi appelé coléoptère du Colorado.
A fin du 19ème siècle, le doryphore est arrivé des Etats Unis en Europe avec des livraisons de pommes de terre. Arrivé en Europe, il fut observé pour la première fois dans les installations portuaires de Liverpool et de Rotterdam. En 1887 et 1914, de nouvelles infestations importantes survinrent en Europe. En 1922, le doryphore détruisait 250 km2 de culture de pommes de terre à Bordeaux.
Après avoir hiverné dans le sol, les premiers insectes s’envolent à partir de début mai. Ils pondent leurs œufs longs, ovales, en paquets sur l’envers des plantes concernées. Un paquet compte environ 20 à 80 œufs. Chaque femelle est capable de pondre en tout 400 à 1200 œufs par cycle. Selon les conditions climatiques, les premières larves éclosent après 3 à 12 jours. Les jeunes animaux grandissent vite et muent environ 3 fois. Après 2 à 4 semaines, ils s’enfoncent jusqu’à environ 30 centimètres dans la terre et s’y mettent ensuite en cocon. Après encore 2 semaines, les doryphores adultes éclosent, ils continuent de vivre environ une semaine dans le sol. Une à deux générations de doryphores par an peuvent voir le jour. La deuxième génération s’envole à partir de juillet et infeste alors aussi les plantes vulnérables.
Les doryphores adultes ainsi que leurs larves se nourrissent des feuilles des plantes. Parfois même, il ne reste des plantes totalement dévorées que les squelettes. Les animaux peuvent dépouiller totalement des champs et potagers entiers en un minimum de temps en dévorant les bords des feuilles et en les perforant. Cela entraîne des pertes de récolte considérables, et donc, en agriculture, des pertes financières aussi.
La plante la plus souvent touchée à l’origine par le doryphore de la pomme de terre était la morelle (Solanum rostratum). La plante fait partie, comme les pommes de terre également fortement touchées, des solanacées. Avec la progression du doryphore, de plus en plus de pommes de terre furent infestées. C’est de là que vient le nom actuel des animaux. Mais d’autres solanacées comme la tomate, l’aubergine et le poivron sont également infestées par les doryphores de la pomme de terre qui se propagent particulièrement par temps chaud et sec.
Pour ne pas en arriver à une infestation de doryphores, on peut, en jardinier prévoyant, prendre quelques mesures:
favorisez les ennemis naturels comme les crapauds et les carabes pour empêcher le plus possible une invasion du doryphore de la pomme de terre. Couvrez à temps vos carrés avec un filet de culture approprié ou un voile. A partir du mois de mai, vérifiez si des œufs ont été pondus sur les feuilles des plantes peut-être touchées et, le cas échéant, jetez-les dans les déchets. Avant de planter de nouveaux végétaux, retournez le carré en profondeur pour éliminer les insectes qui hibernent. Planter des pommes de terre dans une rotation annuelle des cultures prévient aussi d’une infestation. Comme les mauvaises herbes servent de barrière de protection aux insectes, il faut les éliminer régulièrement et minutieusement. Avec des pulvérisations régulières de purin d’ortie fabriqué vous-même, vous pouvez renforcer la résistance de vos plantes et réduire les attaque de nuisibles, comme du doryphore de la pomme de terre.
Si vous découvrez le doryphore de la pomme de terre aussi sur vos solanacées, le ramassage régulier des larves et insectes est la méthode la plus efficace pour empêcher une propagation fulgurante. Comme l’insecte est en mesure de s’adapter à toute sorte de préparation de nature chimique, la lutte biologique contre le doryphore de la pomme de terre et de ses larves a gagné en importance. Répartissez les insecticides biologiques contre le doryphore de la pomme de terre toujours sur l’endroit et l’envers des feuilles des plantes.
Un purin de raifort sert d’insecticide naturel contre le doryphore de la pomme de terre. Pour cela, mélangez 10 litres d’eau froide avec un kilo de raifort frais ou 200 gr de raifort séché et placez dans un endroit ensoleillé au jardin. Après quelques jours, vous pouvez épandre le purin sur les plantes touchées. Répétez les pulvérisations jusqu’à ce que vous ne trouviez plus aucun doryphore sur vos plantes.
L’utilisation de bouillons de menthe est une variante également prometteuse. Contrairement à un purin, le bouillon est cuit pendant une demi-heure et, une fois refroidi, filtré dans une passoire. Epandez le bouillon de menthe plusieurs fois à intervalles rapprochés sur les plantes malades.
Le marc de café séché est une autre méthode de chasser le doryphore et ses larves du carré de légumes. Parsemez - de préférence tôt le matin - le marc de café sur les feuilles. Comme les doryphores n’aiment pas le café, ils n’attaqueront pas les plantes ainsi traitées. Répétez environ toutes les 4 semaines.
En plantant du lin dans un rang voisin des plantes touchées, vous éloignez aussi les parasites. Les doryphores sont désorientés par le système de plantation et gênés. A la suite de quoi, ils émigrent.
Une autre méthode consiste à saupoudrer les larves de poudre de roche. Cela limite les activités des jeunes animaux. Attention: cette méthode n’est pas suffisante en cas d’infestation sévère. Toutefois, la poudre de roche renforce en général la résistance des plantes de façon naturelle; les plantes robustes sont plus rarement attaquées par les nuisibles.
La lutte contre le doryphore de la pomme de terre avec une préparation bactérienne de Bacillus thuringiensis est fortement répandue dans les cultures maraîchères écologiques. La bactérie développe une substance toxique qui peut être mortelle pour le doryphore et ses larves. Les êtres humains, animaux et végétaux ne sont par contre pas concernés par l’action toxique. Pour que ce soit efficace, il faut que les larves de doryphore mangent la bactérie. La température doit être d’environ 15°C lors de l’application. En aspergeant directement ou en pulvérisant sur les larves, elles arrêtent aussitôt de dévorer et meurent.
Les produits phytosanitaires aux principes actifs du margousier tropical sont également utilisés contre le doryphore dans les cultures maraîchères écologiques. Les substances contenues entravent durablement le cycle de vie des nuisibles, empêchant une nouvelle propagation. Les plantes touchées doivent être traitées avec le produit phytosanitaire le 5ème jour après la ponte des œufs. Comme l’éclosion des œufs est freinée, il est fait obstacle au premier stade larvaire assez tôt.
A l’avenir aussi, la lutte contre le doryphore de la pomme de terre représente un important défi aux phytosciences. La recherche développe constamment de nouveaux principes actifs et de nouvelles techniques de procédés contre le doryphore de la pomme de terre.