Coccinelle asiatique
La coccinelle asiatique a été introduite par le passé en tant qu’insecte utile dans des serres et se répand maintenant aussi dans nos jardins. Nous allons vous expliquer ce qui caractérise ce coléoptère vorace.
Vous vous êtes peut-être demandé pourquoi certaines des coccinelles de votre jardin sont plus claires que d’autres ou si elles ont toujours eu autant de petits points. La réponse est toute simple: Ces petits insectes rampants atypiques sont les parents asiatiques de nos porte-bonheur. La coccinelle asiatique (Harmonia axyridis) est souvent plus claire et plus grosse que notre coccinelle indigène est porte généralement 18 ou 19 points (ou taches) sur les ailes. La couleur et le nombre de points est cependant très différents, d’où le nom de «coccinelle Arlequin»
A la différence de notre coccinelle indigène à sept points (Coccinella septempunctata) ou à deux points (Adalia bipunctata) qui ont toujours le même nombre de taches noires sur les ailes, ce dernier varie chez ce migrant asiatique de 0 à 21 points. Le nombre de points ne permet pas de déduire l’âge de l’insecte mais son espèce. Avec une longueur de six à huit millimètres, la coccinelle asiatique est légèrement plus grosse que la coccinelle à sept points et nettement plus grosse que la coccinelle à deux points. Par ailleurs, l’apparence des insectes est très différente: On trouve des coccinelles asiatiques d’un rouge orangé avec ou sans taches noires et aussi des insectes noirs à taches rouges. Les larves de la coccinelle asiatique ont une ligne continue rouge orange sur le côté, chez les coccinelles à sept points elle est interrompue. De plus, une couche de cire protège les larves des fourmis.
La coccinelle asiatique montre à quel point la différence entre insecte utile et nuisible est infime. Elle a été introduite par le passé d’Asie vers l’Amérique du Nord d’où elle a ensuite été importée à la fin du 20ème siècle vers l’Europe. L’objectif était de l’utiliser en tant qu’insecte utile pour lutter de façon ciblée contre les pucerons dans des serres. On n’a pourtant pas pu empêcher ces insectes de se répandre dans la nature. Depuis qu’ils se sont échappés des serres, ces insectes se sont propagés dans toute l’Europe où ils n’ont pas encore d’ennemis naturels. «Cette espèce est connue pour son énorme appétit de pucerons et d’autres insectes à corps mous, pour leurs œufs et leurs larves», explique Ingo Ludwichowski, directeur régional du NABU du Schleswig-Holstein et spécialiste des coccinelles.
En effet, les coccinelles asiatiques mangent jusqu’à 270 pucerons par jour quand nos coccinelles à sept points qui atteignent presque la même taille sont rassasiées au plus tard après 50 pucerons. Elles avalent donc environ cinq fois plus de pucerons que notre espèce indigène la plus courante. Pour la lutte contre les pucerons, cette particularité est donc intéressante.
L’introduction de la coccinelle asiatique n’est toutefois pas tout à fait incontestée car on la trouve maintenant même plus souvent que la coccinelle à sept points. Le problème est que s’il n’y a pas assez de pucerons, la coccinelle asiatique modifie son régime alimentaire. Elle ingurgite alors non seulement les œufs et les larves de sa propre espèce mais aussi ceux de ses congénères indigènes, de papillons ou de cécidomyies. A l’inverse, si une coccinelle à sept points s’en prend aux larves de l’insecte étranger, elle peut en mourir. Les protecteurs de la nature craignent donc qu’avec le temps, cette nouvelle espèce n’évince la coccinelle indigène.
L’année de la coccinelle asiatique commence dès que le soleil commence à reprendre progressivement de la vigueur en fin d’hiver. Les insectes sortent alors de leurs quartiers d’hiver et cherchent un partenaire. Les insectes produisent une progéniture particulièrement nombreuse: Au total, la femelle pond entre 1 800 et 3 500 œufs qu’elle dépose de façon ciblée sur des plantes infestées de pucerons. Les larves éclosent au bout de trois à cinq jours et ont besoin d’environ deux semaines pour se développer. Chaque larve peut manger jusqu’à 1 200 pucerons au cours de ses deux semaines de développement. Ensuite, elle se transforme en cocon. Puis la coccinelle éclot cinq à six jours plus tard.
En octobre et novembre, les coccinelles asiatiques se mettent en grands essaims à la recherche d’un quartier d’hiver. Dans de bonnes conditions, elles peuvent atteindre l’âge de trois ans, mais la durée normale de vie est généralement de seulement un à trois mois.
Probablement en raison des températures hivernales toujours plus douces, les coccinelles asiatiques se sont largement répandues chez nous dans la nature au cours des dernières années. Dans les jardins, ces immigrées vivent principalement sur des arbres et des buissons. En automne, la coccinelle asiatique attire toutefois particulièrement l’attention. A la recherche d’un quartier d’hiver; ce sont même souvent des colonies entières de ces insectes lumineux qui se posent sur les murs des maisons et des garages . Elles exhalent alors un parfum qui a pour effet de les faire se regrouper en grand nombre sur les murs des maisons, les portes ou les fenêtres. Elles y sont à la recherche de fissures et de fentes adéquates pour passer l’hiver. Dans leurs pays d’origine, la Chine et le Japon, elles passent la saison froide dans des failles de rochers. Les coccinelles asiatiques cherchent aussi volontiers un quartier d’hiver dans des endroits chauds bien qu’elles se mettent en hibernation quand elle sont à l’extérieur et y survivent mieux que dans une maison.
En dehors des pucerons qui constituent son alimentation préférée, le menu de la coccinelle asiatique et de ses larves se compose aussi de cochenilles, et même d’acariens. A l’automne, les insectes adultes aiment aussi se nourrir de fruits mûrs. La prédilection de la coccinelle asiatique pour les fruits est devenue maintenant problématique pour les viticulteurs des USA: Les insectes ne se détachent pas des raisins lors des vendanges et excrètent pendant la préparation du moût une substance destinées à effrayer leurs ennemis. Cette substance excrétée entraîne une modification du goût du vin. En Amérique, on compare ces défauts gustatifs au goût d’une cacahuète brûlée.
Les viticulteurs allemands observent cette évolution avec méfiance. Selon Ingo Ludwichowski, spécialiste des coccinelles, il est certain que plus personne ne peut arrêter ou inverser la prolifération de ces insectes car ils n’ont que peu d’ennemis naturels en raison de ce liquide amer. Il n’est pourtant pas sûr que cela devienne également problématique en Allemagne. La majorité des nuisibles se propagent dans les vignobles américains à partir des champs de coton voisins infestés de pucerons.