Orchidées terrestres

Pourquoi aller chercher loin? Chez nous aussi, certaines orchidées sont indigènes et n’ont rien à envier à leurs congénères exotiques des Tropiques Nous allons vous présenter les plus belles orchidées terrestres.

18 janv, 2021 à 19h37
readtime icon 13 Minutes
Orchidée Sabot de Vénus (Cypripedium calceolus)

Les orchidées Sabot de Vénus, ici Cypripedium calceolus comptent parmi les orchidées indigènes les plus connues.

A l’évocation des orchidées, la plupart des gens pensent aux plantes exotiques d’appartement qui ornent plus d’un rebord intérieur de fenêtre de leurs fleurs remarquables. Pourtant, cette famille de plantes est répandue dans le monde entier. La majorité des quelques 18 000 variétés se trouve dans les régions tropicales où elles vivent essentiellement comme plantes épiphytes sur des arbres. Par comparaison, le nombre d’orchidées indigènes est plus réduit: Dans nos régions, on dénombre environ 60 variétés. A la différence de leurs parentes tropicales, elles poussent toutes sur le sol (mode terrestre) et sont donc appelées orchidées terrestres. Vous trouverez plus loin des informations précieuses sur les plus belles variétés indigènes.

Aspect

La beauté de nombreuses orchidées indigènes ne se révèle souvent qu’au deuxième coup d’œil car toutes n’exposent pas leurs fleurs de manière aussi impressionnante que leur représentante la plus connue: le Sabot de Vénus (Cypripedium). De nombreuses variétés mesurent tout juste 15 cm de haut et portent en conséquence de petites fleurs. Mais si on les observe de plus près, on reconnaît tout de suite l’air de parenté.

Stratégies de survie

Bien que le nombre d’orchidées terrestres indigènes soit en net recul, ces plantes ont tout de même développé des stratagèmes impressionnants pour assurer leur reproduction. On ne retrouve de tels comportements que dans peu d’autres familles de végétaux. C’est ainsi que certaines espèces attirent leurs pollinisateurs en imitant des insectes femelles (par exemple les différentes espèces d’ophrys). D’autres variétés indigènes comme le Sabot de Vénus font semblant d’avoir un pollen ou un nectar qui n’existe pas ou encore elles retiennent les insectes prisonniers dans leurs fleurs jusqu’à ce qu’ils donnent ou apportent ces pollens.

Une autre particularité des orchidées terrestres est leur comportement au stade de la plantule: Comme les graines ne possèdent pas de réserves nutritives, elles dépendent de certains champignons qui leur servent de nourriture. Dès que les premiers pétales éclosent, la plante se nourrit alors elle-même par photosynthèse. Les variétés comme l’orchidée nid d’oiseau qui ne contiennent pas la chlorophylle nécessaire à la photosynthèse constituent une exception. Elles dépendent toute leur vie des champignons. Les orchidées indigènes comme l’ophrys abeille (Ophrys apifera) poussent pour certaines dans des jardins, des parcs ou directement devant les portes de nos maisons. Leurs minuscules petites graines sont souvent transportées à des kilomètres dans l’air et il n’est pas rare qu’elles trouvent sur des pelouses plutôt peu entretenues des conditions idéales pour s’implanter. Si on ne tond pas trop tôt, les orchidées parviennent même à y fleurir.

Milieux de vie naturels

La majeure partie des orchidées terrestres s’épanouit sur des surfaces exploitées de manière extensive. Donc, des surfaces qui ne subissent que peu l’intervention des humains. En simplifiant, on peut distinguer trois milieux de vie: Les pâturages maigres, la forêt et les prairies humides.

Par pâturages maigres, on entend des prairies et des pâturages pauvres en nutriments, souvent secs. Leur sol est plat, la couverture végétale plutôt éparse. Pourtant, ce qui semble constituer des conditions défavorables est d’un intérêt écologique élevé: A la différence des prairies exploitées trop intensivement, les prairies maigres abritent une grande diversité d’animaux et de plantes parfois rares. Les espèces d’ophrys (Ophrus) s’y sentent aussi bien que l’orchis à odeur de bouc (Himantoglossum hircinum) ou l’orchis pyramidal (Anacamptis pyramidalis).

Céphalanthère à longues feuilles (Cephalanthera longifolia)
La céphalanthère à longues feuilles (Cephalanthera longifolia) séduit par ses fleurs blanches filigranes

Dans les forêts sauvages poussent des orchidées terrestres avec des besoins limités en lumière, par exemple la céphalanthère (Cephalanthera) ou quelques variétés de spiranthe (Epipactis). Il n’est pas rare de trouver ces magnifiques fleurs directement au bord des chemins. On les trouve surtout dans le centre de la France.

Les prairies humides et les marais sont aussi un milieu de vie important pour les orchidées terrestres. Elles se trouvent sur les coteaux des vallées et dans les plaines dans lesquelles l’eau de pluie stagne, ou à proximité de fleuves et de ruisseaux qui sont régulièrement inondés. A côté d’indicateurs typiques d’humidité comme les laîches et les joncs, on trouve les orchidées terrestres orchis des marais (Epipactis palustris) ainsi que différentes variétés d’orchidées sauvages (Dactylorhiza).

Les orchidées indigènes sont protégées

Les orchidées terrestres sont rigoureusement protégées car leur existence en milieu naturel est en menacée. Il y a de moins en moins d’espaces naturels pour les orchidées terrestres. La plupart des surfaces sont utilisées pour un usage agricole ou sont construites. Le drainage accru des sols conjugué à une eutrophisation, c’est-à-dire un enrichissement excessif par des nutriments comme du phosphore ou des composés d’azote dans l’eau (surfertilisation), fait le reste. Les orchidées indigènes ne sont pas non plus très résistantes et sont donc évincées par d’autres espèces plus concurrentielles. En conséquence, non seulement la cueillette ou l’arrachage de plantes ou de parties de plantes sauvages sont interdits, mais le commerce des orchidées sauvages est également prohibé dans toute l’Europe. Dans l’UE, on ne peut commercialiser que des plantes issues de la reproduction artificielle. L’importation et l’exportation sont aussi soumises à des contrôles sévères et ne sont légales qu’avec les documents et justificatifs appropriés.

Acheter chez des commerçants fiables
Cypripedium calceolus
Le Sabot jaune de Vénus de nos contrées n’a rien à envier aux orchidées exotiques des Tropiques

Si par exemple, vous voulez créer un massif de terre de bruyère avec des orchidées terrestres indigènes, vous ne devez vous fournir par principe que chez des commerçants qui peuvent présenter un Certificat CITES ("The Convention on International Trade in Endangered Species of Wild Fauna and Flora"). Ce certificat indique le pays d’origine et si la plante est aussi vraiment issue d’une reproduction artificielle. Surtout pour les plantes rigoureusement protégées, les plantes dites Annexe 1 auxquelles appartient aussi le Sabot de Vénus (Cypripedium), vous devez toujours vous faire présenter un justificatif de l’origine ainsi qu’une autorisation d’importation.

Orchidées terrestres dans un jardin particulier

Néanmoins, les orchidées terrestres particulières sont faciles à conserver dans un jardin particulier. Elles sont notamment du plus bel effet dans les jardins naturels et les massifs où elles préfèrent un emplacement humide et ombragé. Il est cependant important qu’elles ne soient pas exposées à de l’eau stagnante et que le sol soit bien drainant.

Des chercheurs sont maintenant parvenus à reproduire le Sabot de Vénus in vitro à partir de semences si bien qu’elle est de plus en plus souvent proposée dans les jardineries spécialisées. Ces orchidées Sabot de Vénus (Cypripedium hybrides) sont même rustiques et supportent des températures inférieures à -20 degrés Celsius, à condition d’être recouvertes d’une couche de neige qui les protège. Sinon, il faut les aider à se protéger en les couvrant d’une couche de brindilles de sapin ou un paillis comparable. La meilleure période pour planter l’orchidée indigène est l’automne quand la plante se trouve en période de repos. Au début de l’été, elle offre alors de nombreuses fleurs et donne un aspect tout particulier au jardin.

Galerie: Les plus belles orchidées indigènes

L’orchis commun (Orchis morio) persistant est également tout à fait facile d’entretien. Si la terre de votre jardin n’est pas trop acide ou trop fertilisée, vous verrez apparaître d’avril à mai les tendres fleurs rouge-violet, rose ou blanches de cette orchidée terrestre. Elle atteint environ 10 à 20 centimètres de hauteur et est vivace. Elle est idéale pour une plantation en groupes dans un jardin de rocaille ou dans un massif. Cette plante se reproduit seule par semis.

Les espèces d’ophrys indigènes ne se montrent que dans les régions chaudes en été et ont donc aussi besoin d’un emplacement protégé dans le jardin. Nous vous recommandons de les installer dans un sol peu riche en humus et bien drainé qui permet aussi à l’eau de pluie de s’écouler. Toutefois, les orchidées ne supportent pas la sécheresse absolue et dépérissent alors prématurément. Vous devez donc arroser régulièrement.